mardi 15 avril 2008

Une (autre !) histoire de Tibet


- un bel avis que celui d'Erick Boiron -

Etrange que si peu de personnes fassent attention aux menaces réitérées du Dalaï Lama de "démissionner" si la révolte continue au Tibet. Son bras de fer l'oppose d'une part aux massacreurs de Pékin, et d'autres parts aux extrémistes tibétains usant d'exactions soigneusement cachées par nos medias occidentaux.

Le peuple tibétain souffre depuis longtemps. Pendant des siècles, un régime théocratique a permis à l'aristocratie tibétaine de pratiquer le servage à volonté. Des monastères s'enrichissaient impunément. L'armée était elle aussi propriétaire terrienne. La torture était une pratique courante contre les récalcitrants.
Ainsi allait le monde merveilleux du bouddhisme tibétain...
En 1951, après l'invasion chinoise que n'ont combattu ni les anglais ni l'Inde, le Dalaï Lama a été obligé d'abolir "la corvée et les dettes agraires"(pour ceux qui pensent que cela n'existait pas).

Le choc des deux cultures allait bien vite se manifester par les révoltes de 1956 et 1959: 87000 victimes tibétaines périrent au nom de la liberté. Mais hélas, le rôle de déstabilisation de la C.I.A., qui manipula les tribus khampas, démontra vite que le peuple tibétain jadis otage de sa théocratie allait devenir l'otage de la guerre froide.
La Révolution culturelle amenée par le régime de Pékin tua deux millions de personnes, donna également lieu à des exactions sans noms, tortures, encore et toujours, stérilisation des tibétaines, destruction du patrimoine religieux...
Aujourd'hui, le régime de Pékin, entièrement ouvert au libéralisme protège son oligarchie dans un parti qui n'a de communiste que le nom et se trouve confronté à une nouvelle révolte, alors qu'il avait promis que les J.O. ouvrirait la voie à un libéralisme politique. Mensonge: en témoigne les massacres perpétrés ces derniers jours.

Mais quid du boycott des J.O., de la parole de nos médias ?

Rien n'est transparent, d'abord du fait de la censure chinoise, mais aussi de la bêtise lénifiante avec laquelle nos élites racontent la belle histoire du Tibet théocratique, et ce au moment où des organisations douteuses se veulent à la pointe de la défense des Droits de l'Homme.

Pourquoi Kouchner, Rama Yade, Sarkozy ne se prononcent-ils pas en faveur du boycott ?

Parce que ces lâches savent bien que la plupart des pays du monde y sont opposés, à commencer par le patron, les U.S.A. ... Parce que la Chine est un marché porteur, et que le capitalisme mondialisé n'a que faire d'un peuple minoritaire.

Pourquoi le C.I.O. ne se prononce-t-il pas pour le boycott ?

Parce que les Jeux Olympiques ont perdu leur âme depuis des décennies, ceux de Salt Lake City étant une date majeure du déclin des idéaux de Coubertin. Le Dépassement de soi a été dépassé par le règne de la pub, du sponsor, du marketing, du fric. Les J.O. ou l'incarnation de la corruption.

Pourquoi les athlètes ne boycottent-ils pas les J.O. ?

Tout le monde les défend. Mais vous seriez un athlète, vous seriez invité à aller montrer vos performances dans un pays où un peuple est persécuté, sachant que vous êtes un rouage de cette mécanique, vous iriez ? Je n'en sais rien pour vous, mais pas moi. Le sport n'est pas dans les J.O. le "dépassement de soi". C'est la compétition, l'écrasement de l'autre, la course à la victoire au prix du dopage et de la duperie. Si la majorité n'est pas dopée, perdant souvent d'ailleurs, il est sûr que nos sportifs ne vont pas renoncer à leurs juteux contrats publicitaire, et aux sommes phénoménales que Nike, Adidas et consorts leur versent.

Pourquoi ne faut-il pas boycotter les J.O. ?

Parce que les J.O. n'ont aucune vertu, mais conséquemment, ils ne changeront pas la situation des tibétains, ni en bien, ni en mal. Dès que la cérémonie de clôture sera achevée, les tibétains retourneront dans l'oubli. La compétition sportive justifiera la course à la compétition économique de l'empire du Milieu. D'ailleurs, en parlant de destruction de culture, personne ou si peu n'a réellement parlé de la destruction du Pékin ancestral, pour éblouir l'occident par la nouvelle architecture ultra-moderne.

Pendant ce temps, la fausse O.N.G. Reporters Sans Frontière va faire acte de "courage" à Olympie. Les tibétains n'avaient pas besoin d'une aide comme celle-là, sauf si objectivement, un mouvement qui ne devra que peu de choses à RSF s'enclenche contre les jeux.

Faut-il rappeler que RSF a été désavoué récemment par l'UNESCO ?

RSF avait frauduleusement utilisé le logo de l'organe de l' ONU, qui a déclaré: «Le comportement de RSF ne s’ajuste pas au profil ni aux buts de l’UNESCO et montre de nouveau son intérêt sensationnaliste en voulant s’ériger comme tribunal inquisiteur de nations en voie de développement», rajoutant que «l’agence a pris la décision en vertu des fautes d’éthique répétées de RSF dans ses intentions de discréditer un certain nombre de pays».
Roberd Menard n'a-t-il pas écrit: "« Nous avons décidé de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse en Bosnie et au Gabon et les ambiguïtés des médias algériens ou tunisiens…mais de ne pas nous occuper des dérives françaises », ne reniant en rien toucher de l'argent de la N.E.D., une officine de la C.I.A.

Il est vrai que seul la gazette d'a@i, Arêt sur image, a dénoncé le lynchage de commerçants chinois par des tibétains qui ont à ce moment là perdu leur humanité (non, le lynchage n'est pas de la Résistance).

Alors qui sauvera le peuple tibétain qui ne veut pas revenir à la théocratie mais n'en peut plus du joug de Pékin ?
Le Dalaï Lama, qui est contre l'indépendance, pour l'autonomie, et pour les J.O., vitupère contre les extrémistes bouddhistes. S'il laisse la place aux groupes violents en démissionnant, il y a tout à craindre pour le Tibet: son achèvement pur et simple.

Devant une telle complexité, il n'y a pas de solutions simples ?

Il faudrait que les états occidentaux suspendent immédiatement tous leurs accords économiques avec la Chine, qu'aucun représentant politique ne se rende à Pékin, que des sportifs citoyens plutôt qu'addictionnés au fric annoncent leur non-participation. Il faudrait pour cela que les foules se déplacent dans les rues, et pas seulement sur Internet, où il est si aisé de parler sans agir. Il faut absolument sortir de l'admiration béate du "bouddhisme intrinsèquement pacifiste" pour raisonner et agir sur la question politique des Droits de l'Homme.

Parce qu'à cause de la folie de groupes extrémistes, combattant pourtant la tyrannie, le Tibet risque d'être rayé de la carte. Hélas il peut perdre son âme sous l'oppression, aussi justifié son combat soit-il.

Il ne faut pas que cette spirale du désespoir l'emporte, parce que c'est sur les ruines de Lhassa et de ses habitants que la Chine et les pays occidentaux feront fructifier le pactole de l'argent, qui a le goût du sang.

Il faut, il ne faut pas... Que de paradoxes...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A lire absolument si l'on veut mieux comprendre le bouddhisme Tibétain! Attention décapant!

http://isabelledescharbinieres.hautetfort.com/list/controverses/les_%C2%AB_ignobles_veri.html