jeudi 30 octobre 2008

VIVE LA BAISSE TENDANCIELLE DU TAUX DE PROFIT MOYEN !


Lecture-Rencontre Georges Hassomeris
Jeudi 23 octobre 19H00
Librairie A Plus D’un Titre 4 quai de la Pêcherie Lyon 1er


"Vive la baisse tendancielle du taux de profit moyen", nous dit le poète performer Georges Hassomeris dans un petit volume carré du Temps des Cerises qui, soit dit en courant, vaut bien des pavés solubles dans le brouet médiatique et communicationnel.


Je répète avec lui, vous ne m'avez pas écouté: "Vive la baisse tendancielle du taux de profit moyen!"
Ce n'est pas un titre fantaisiste, si on se donne la peine de l'interpréter. La baisse tendancielle du taux de profit moyen signifie, chez Marx, que la part du capital constant, injecté dans le déploiement des machines et des innovations technologiques, déborde celle du capital variable, fourni par le travail direct des hommes.

Comme la part de capital constant pèse trop sur la plus-value, il se produit une baisse du taux de profit, qui produit à son tour des crises.

Vous réclamez de la poésie ?

Hassomeris réclame la baisse tendancielle du taux de profit moyen, parce qu'il veut la crise.

Il veut le bordel parce que c'est la seule façon de rebattre les cartes. De rejouer l'Histoire pour que chacun ait enfin le droit de jouer. Si ce n'est pas de la poésie, ça...

Les inégalités contemporaines placent de plus en plus le travail des individus à la marge, quand ils ont un travail, tirent un trait sur les marginaux, procurent des marges de profit toujours plus obscènes à ceux qui s'enrichissent sans déployer une force de travail digne de ce nom, et toujours sur le dos des autres.
La globalisation a non seulement répandu les innovations technologiques pour faire du monde entier une marchandise, mais le caractère matériel du monde est en train de s'abolir, pris dans le jeu virtuel de son pari sur le néant. Le seul fait matériel dont on soit sûr au fond, c'est la feuille de papier telle qu'on la tient entre ses doigts dans ce petit livre.
Ce n'est donc pas un hasard si Hassomeris en fait des tonnes (de papier) sur la déforestation.
Pour reprendre une autre analyse marxienne, dans l'histoire de l'esthétique, la tragédie revient sous forme de comédie pour que l'on apprenne à se séparer avec gaieté du passé.
Hassomeris convoque la tradition poétique et philosophique, non pour acter la séparation d'avec le vieux monde mais pour indiquer que le monde moderne, ses claviers, ses bedeaux, ses benêts à l'audimat impeccable, tout cela c'est déjà du vieux.
Et ils ne le savent même pas, les visionnaires de la télévision. Il s'agit de fonder un monde nouveau. Mettre l'actuel en crise.
Du bordel peut résulter un autre monde. Le paradoxe (très grec, le paradoxe) est que la poésie d'Hassomeris n'est pas bordélique.
Elle ne serait pas efficace à ce point sinon. Il annonce la couleur. Elle est rouge.
Il annonce la méthode. Cynisme (la philosophie du même nom bien sûr) + beau boulot de l'aède. C'est que Georges Hassomeris est grec. Grec de France.
Un Héraclite des fez. Si, selon Horace, "la Grèce soumise a soumis son grossier vainqueur", au point que César ait prononcé les mots fatidiques: "tu quoque..." en grec: KAI ΣY, TEKNON... BPOVTE !, le Grec insoumis nous indique que la langue des petits (nous tous) travaille déjà au corps la langue des marchés et de Coca Cola. C'est la profession de foi du saboteur postmoderne et joyeux. Postmoderne et joyeuse cette manière d'utiliser le patrimoine rimbaldien sans se laisser impressionner:

& asseoir un beau jour l'intelligence sur ses genoux
& la trouver
Conne
C'est la performance de poésie telle qu'on l'aime, véritablement performative. Elle n'attend pas la fin d'un manifeste improbable pour renoncer du même non-mouvement au poème. Non, c'est bien de la poésie. Bien sûr la poésie, surtout celle de Diogène, si elle ne craint aucun grand personnage, ne se prend pas pour plus grande qu'elle n'est. Où a-t-on jamais vu que si elle mettait le feu, elle garantirait la durée de l'incendie ? Mais le simple fait qu'elle fasse rire (et jamais ricaner) est une triple bonne nouvelle :

1) Parce qu'on peut rire en poésie.
2) Parce que le rire n'a pas renoncé à sa charge critique explosive.
3) Parce qu'un autre monde est clairement possible, qui n'a rien à voir avec le Monde 2.
Voici un Art de vivre en poète révolutionnaire pour faire de l'existence un poème à vivre :

& consacrer sa vie tout entière
À la Révolution
& non seulement ses soirées libres
Voici un programme très précis de libération des masses:
&
Ne plus jamais travailler sauf
Le 1er mai
Il faut laisser les poètes marxistes (qui n'ont strictement jamais ciré aucune botte) devenir les ingénieurs du monde, baliser les chemins de l'utopie (ils existent). Cela fera du bien aux ingénieurs et au monde:
& Résoudre
1 Le problème de l'emploi
2 Celui du pouvoir d'achat &
3 LIBÉRER AUSSI LES &TOILES
(S'est-on demandé en effet pourquoi l'État ne consacre pas "10% du budget National" à la poésie?)

Vive la baisse tendancielle du taux de profit moyen!
© Jean-Luc Despax

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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