mercredi 6 juin 2007

Travailler plus ?

On peut lire, dans une petite brochure rendant compte du procès intenté aux « meneurs » - dont Pierre Martin militant anarchiste - des manifestations du 1er mai 1890 à Vienne (Isère)les extraits suivants de l’interrogatoire de Martin :

- Martin (s’adressant au patron drapier Bonnier) : N’arrivait-il pas, parfois que vous fassiez marcher la force motrice jusqu’à 10 heures et même minuit et que les femmes et les jeunes enfants soient obligés de travailler, par cela même, 18 heures par jour ?

- Bonnier : C’est vrai, mais ce n’était pas obligatoire. […]

- Martin : Pourtant des tisseurs et de petits appondeurs ont été renvoyés parce qu’ils ne voulaient pas travailler d’aussi longues journées, c'est-à-dire 18 heures.

- Sylvestre Gustave, associé de la Maison Pascal Valluit : … on ne forçait personne à le faire.

- Martin : Votre maison n’a-t-elle pas été condamnée plusieurs fois pour infractions à la loi sur le travail des enfants dans les manufactures ?

- Réponse : Oui.- ……

- Martin : Les femmes, qui travaillent la nuit aux cardes, ne sont-elles pas obligées de commencer à 7 heures du soir et d’aller jusqu’à 5 heures et demie du matin, sans interruption pour manger un morceau de pain, ce qui fait un labeur de dix heures et demie sans aucun arrêt ?
- Réponse : oui.

Devinez qui a fait fortune ?
Ceux qui travaillaient plus, ou ceux qui faisaient travailler plus ?

Deux ans plus tard, un patron aussi philanthrope que les patrons viennois, le maître de forges du Creusot, Henri Schneider déclare : « Pour moi, la vérité, c’est qu’un ouvrier bien portant peut très bien faire ses 10 heures par jour et qu’on doit le laisser libre de travailler davantage si ça lui plait. »

L’histoire du mouvement ouvrier est pleine de ces faits, y compris la plus récente. C’est la lutte qui a fait reculer les exploiteurs. Aujourd’hui cette exploitation prend d’autres formes, peut être plus sournoises, mais toujours inspirée par la même raison le profit.
Sarkosy a de bons inspirateurs !

(remerciements à Romettino et Alain Bujard, pour nous avoir fait connaitre ce texte)

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